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Les cabines de téléconsultations peuvent-elles régler le problème des déserts médicaux ?


Bien qu’elle existe depuis septembre 2018, la téléconsultation doit son essor à la pandémie de Covid19 débutée en 2020. Accessible via des cabines de téléconsultations installées dans des pharmacies, des mairies ou des supermarchés, elle a permis à une partie de la population résidant dans des déserts médicaux d’accéder à des soins de santé de qualité. Ceux qui les ont utilisées ont rapporté l’extraordinaire technologie mise en oeuvre à l’intérieur pour faciliter les check-up médicaux fondamentaux (prise de tension, de température, poids, …), ainsi que le confort offert à l’usager qui s’installe sur un siège adapté et échange de vive voix au travers d’un écran plat avec le médecin disponible immédiatement pour le recevoir.


Résidant dans des zones qualifiées de « désert numérique», l’expérience digitale de cette population se caractérise par une connexion instable aux réseaux de téléphonie et un accès à internet limité.

Toutefois, comme le souligne le Vademecum de la télémédecine, qui dit téléconsultation implique garantie d’une communication orale et vidéo fluide entre le patient et son médecin. Et pour que cette fluidité soit possible, il faut bénéficier d'une (très) bonne couverture réseau.

En France, 60 % du territoire, soit 23 millions de ruraux, restent à couvrir en réseau à (très) haut débit. Résidant dans des zones qualifiées de « désert numérique » ou « zone blanche », l’expérience numérique de cette population se caractérise par une connexion instable aux réseaux de téléphonie et un accès à internet limité, voire inexistant. Par définition, si les cabines de téléconsultations répondent à la problématique posée par les déserts médicaux, elles ne constituent toutefois pas une réponse adaptée pour ces 23 millions de personnes.


Ces cabines permettent à la médecine d’aller à la rencontre de chaque patient et leur concept même repose sur un principe simple, celui de couper la poire en deux. A défaut de poire, c’est la distance et les déplacements des patients qui sont ici réduits, parfois même de 90%. Plus besoin de se rendre dans la grande ville de proximité, un médecin vient à la rencontre de chacun, dans sa commune ou son village.

Mais réduire la distance entre un patient et le système de santé reste encore insuffisant pour une autre tranche de cette même population rurale composée de ceux et celles souffrant d’une perte d’autonomie passagère ou permanente ou d’un isolement lié au grand âge. Pour ceux-là s’ajoutent la contrainte incontournable du dernier kilomètre à parcourir pour se rendre dans une cabine … qu’ils ne sauront ni ne voudront utiliser car ils ne sont pas technophiles.


André Accary, Président du département de Saône-et-Loire, est par exemple très sceptique sur les cabines de téléconsultations installées dans les mairies. «Pour avoir un diagnostic précis, il faut bien que de chaque côté vous ayez un professionnel de la santé averti». Même inquiétude de la part du Maire de Varzy, M. Gilles Noël : «Ça ne sert à rien d’avoir un EHPAD équipé d’un dispositif de télémédecine pour contacter le CHU s’il n’y a personne au bout du fil”.


La téléconsultation est un outil prodigieux pour lutter contre les déserts médicaux… mais elle ne doit être qu’un élément de la chaîne de solidarité médicale.

Quatre freins se distinguent donc quant à l’utilisation des cabines de téléconsultations :

  1. Il faut qu’elles soient installées dans des endroits très bien couverts par les opérateurs classiques;

  2. Elles ne s’adressent qu’à une population technophile

  3. … capable de se déplacer pour s’y rendre

  4. et également capable d’appréhender l’usage de dispositifs médicaux.


Un 5ème frein fait peu à peu son apparition : celui de la réticence des médecins quant à leur utilisation. Le mois dernier (Avril 2021), le Conseil national de l’Ordre des médecins s’insurgeait fermement contre la mise en place de cabines de téléconsultations dans des Monoprix, au titre qu’une téléconsultation doit être inscrite dans le parcours de soins coordonnés, et qu’un médecin ne peut prendre en charge un patient sans possibilité de procéder à un examen clinique, sans avoir connaissance du tissu sanitaire médico-social, et sans apporter une garantie que la continuité des soins pourra être assurée.


Si les cabines de téléconsultations constituent donc aujourd’hui un début de réponse à la problématique des déserts médicaux, l’application de la télémédecine pour tous et partout reste en cours de réflexion. Dans l’idéal, la solution la plus adaptée aux besoins de l’ensemble de la population française, urbaine comme rurale, devrait pouvoir cocher toutes les cases :

  • réseau en toute circonstance,

  • mobilité pour se rendre au chevet du patient,

  • sécurité des données,

  • accompagnement humain,

  • et sécurité du parcours de soins du patient.


Et si cette solution existait déjà… ?


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